Bertrand Diard, PDG de Talend: “L’open source : catalyseur de croissance économique pour la France”

08/06/2012 Cédric08/06/2012 • Bookmarks: 2

Partons d’un constat : dans le monde, la France est le pays le plus favorable à l’open source[1]. Si le secteur public a été un moteur essentiel quelques années en arrière, aujourd’hui d’autres secteurs ont pris le relai. Et si le principal vecteur d’adoption des logiciels open source résidait à l’origine dans leur capacité à réduire les coûts, ces entreprises recherchent aujourd’hui d’autres avantages comme la flexibilité ou la maîtrise des évolutions technologiques[2].

La montée en puissance de l’open source correspond à une réalité : le marché et la demande évoluent, comme je l’expliquais précédemment[3]. La manière de consommer des logiciels change et répond à des besoins de personnalisation, d’appropriation progressive et d’intégration transparente à un existant. C’est pourquoi les logiciels open source ne connaissent pas la crise. Leur rôle central dans la construction d’environnements de Cloud Computing[4], dans les technologies d’exploitation des Big Data et dans l’écosystème mobile[5], est confirmé par le soutien accru des investisseurs[6]. L’open source est en réalité aujourd’hui le premier moteur d’innovation dans le secteur technologique.

De manière plus large, l’open source est un catalyseur d’innovation essentiel dans de nombreux secteurs – au premier rang duquel figure l’industrie[7] (automobile, aéronautique, défense) – qu’il contribue à transformer en profondeur[8]. Ces secteurs ont un dénominateur commun : leur vocation à se développer sur une échelle internationale, avec à la clef croissance et création d’emploi.

En matière d’innovation, l’open source est actuellement à la pointe d’une révolution dans le monde de l’éducation, où le manuel scolaire se virtualise en devenant gratuit sur Internet et payant en version papier[9]. La France, pour une fois diront certains, rivalise avec la Silicon Valley. Ce qui traduit un progrès notable quand on sait que dans le secteur technologique, les entreprises françaises n’apparaissaient jamais jusqu’alors dans le Top 10 mondial. Et puisqu’on parle d’éducation, la France dispose d’un atout de poids : son système universitaire et ses écoles d’ingénieurs comptent parmi les plus cotées du monde. L’excellence de notre filière technologique est un terreau fertile pour l’open source qui en retour contribue à créer des emplois, non seulement dans le domaine technologique, mais également, comme on l’a vu, dans d’autres secteurs. La boucle est ainsi bouclée.

L’open source qui s’est développé à l’origine sur la promesse d’une maîtrise des coûts a su dépasser ce statut pour devenir un moteur de croissance et d’innovation. C’est exactement ce que les nouveaux responsables politiques européens cherchent à impulser, à leur niveau. A l’image de la « troisième révolution industrielle »[10] théorisée par Jeremy Rifkin et qui repose sur la notion de réseau, l’open source incarne pleinement, à mon sens, la collaboration internationale dont notre pays a besoin pour se développer.

Bertrand Diard, CEO et co-fondateur de Talend

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