La Cour pénale internationale abandonne Microsoft Office pour openDesk

Dans une décision symbolique aux fortes implications géopolitiques, la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé qu’elle allait remplacer la suite bureautique Microsoft Office par la solution européenne openDesk, développée par la société publique allemande ZenDis (Zentrum für Digitale Souveränität). L’information, révélée par le quotidien économique allemand Handelsblatt, marque un tournant dans la stratégie numérique d’une institution internationale qui cherche à s’émanciper de la dépendance aux technologies américaines.

Basée à La Haye, la CPI emploie environ 1 800 personnes. Son passage à openDesk n’est pas motivé par des considérations techniques, mais bien politiques. Selon Handelsblatt, la décision découle directement des sanctions américaines imposées depuis 2025 par l’administration Trump contre plusieurs juges et procureurs du tribunal, dont le chef du parquet Karim Khan. Alors que Washington considère désormais la Cour comme une menace pour la sécurité nationale, la direction informatique de la CPI a choisi de réduire sa dépendance aux solutions logicielles américaines.

« Nous devons renforcer l’autonomie technologique du tribunal, même si cela s’avère coûteux ou moins pratique à court terme », a déclaré Osvaldo Zavala Giler, responsable informatique de la CPI, cité par le Handelsblatt.

openDesk, une alternative open source européenne

Développé par ZenDis, une entité publique allemande créée en 2022 pour promouvoir la souveraineté numérique du secteur public, openDesk se présente comme une suite bureautique open source, modulaire et interopérable. Le paquet intègre des solutions de plusieurs éditeurs européens : Collabora Online pour l’édition collaborative de documents, Open-Xchange pour la messagerie et la visioconférence, ainsi que des outils basés sur Nextcloud, OpenProject et XWiki.

La plateforme repose sur des standards ouverts et un hébergement maîtrisé, garantissant une sécurité des données conforme au RGPD et une absence de dépendance aux clouds américains.

La version openDesk 1.8, publiée fin septembre 2025, a introduit de nouvelles fonctionnalités, dont le support des macros pour automatiser certaines tâches bureautiques, Nextcloud 31.0.7 pour un stockage de fichiers plus stable ou encore de nouvelles intégrations pour la gestion de projets avec OpenProject 16.4.0. Le projet gagne aussi  l’export natif des contenus wiki vers les formats bureautiques (.odt, .docx, .rtf) via Collabora Online.

Une tendance européenne vers l’autonomie numérique

La CPI n’est pas la première institution publique à opter pour openDesk : l’armée allemande a signé un contrat de sept ans avec ZenDis au printemps 2025, et l’armée autrichienne a choisi à son tour LibreOffice pour remplacer Microsoft Office en septembre. Ce mouvement reflète une dynamique plus large : le retour en grâce des solutions open source dans les administrations européennes, notamment pour les infrastructures critiques.

Pour ZenDis, openDesk est un élément clé de cette stratégie : « Notre mission est d’éliminer les dépendances technologiques unilatérales et de fournir des outils européens, interopérables et audités », résume l’entreprise.

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