Mozilla a dû s’y résoudre: depuis le départ de Chris Beard, seule Mitchell Baker peut reprendre la direction générale des opérations. Elle redevient CEO dans un période complexe à négocier pour la Fondation. Sa part de marché sur le mobile reste… anecdotique.

Après 5 années passée à la tête de la Fondation, Chris Beard raccrochait en septembre dernier. Il avait succédé en 2014 à Brendan Eich, éclaboussé par des rumeurs. Le virage commercial entrepris par Chris Beard lui a attiré les foudres d’une partie de la communauté historique de Mozilla, dont il reste aujourd’hui conseiller.
Suite à sa démission, les efforts pour lui trouver un successeur digne des valeurs de Mozilla ont été vains, reconnaît-on au sein de la Fondation : “Au cours des huit derniers mois, nous avons recherché des candidats externes et, même si nous en avons rencontrés plusieurs qualifiés, nous avons conclu que Mitchell était celle qu’il faut à Mozilla aujourd’hui.” La CEO ad interim est donc confirmée à son poste
Qui est Mitchell Baker ?
Mitchell Baker est l’une des plus anciennes collaboratrices de Mozilla. Elle a déjà officié en qualité de CEO entre 2005 et 2008, avant d’en devenir la présidente. Avant cela encore, dès 1994, elle a été l’une des premières personnes engagées au département juridique de Netscape Communications, l’ancêtre de Firefox racheté par AOL.
En 2005, Time magazine l’a inscrite dans sa liste annuelle des 100 personnes les plus influentes du monde. Sa formation d’avocate l’a conduite à prendre en charge les problèmes politiques et commerciaux de la Mozilla Foundation.
La “femme de la situation”
Le communiqué précise que la stratégie de Mozilla consiste désormais à “se concentrer sur l’accélération des leviers de croissance pour le navigateur Firefox, en investissant dans des solutions innovantes pour répondre aux défis auxquels Internet est confronté“. Une déclaration d’intention plutôt vague pour un navigateur qui peine toujours à retrouver sa superbe face à Chrome, Safari et même Edge.
Chez Mozilla, on reconnaît que si la structure possède une forte expertise technique, elle ne peut résoudre ses problèmes seule : “C’est pourquoi nous prévoyons de réunir des technologues et entrepreneurs du monde entier pour collaborer et co-créer ces nouvelles solutions. Le besoin d’innovation, chez Mozilla, mais aussi sur Internet en général est plus important que jamais, surtout à une époque où les technologies ont un impact incontestable dans notre vie quotidienne.”
Parts de marché: le mobile est le maillon faible
Pour la Fondation, Mitchell Baker reste la femme de la situation : “Son style de management fondé sur l’ouverture et l’honnêteté aide l’organisation à faire face à l’incertitude créé par le Covid-19 pour les Moziliens“. Il n’empêche. La tâche de redonner des couleurs à Firefox ne sera pas aisée pour la nouvelle CEO. Si Firefox sauve l’honneur sur les plateformes de bureau, le navigateur continue de faire de la figuration sur le mobile, maillon pourtant essentiel de la chaîne en 2020.
Les dernières statistiques mondiales publiées par StatCounter en disent long.
Sur le bureau: 9,25 %
Sur le bureau (desktop), Chrome s’arroge aujourd’hui 68 % de parts de marché (en léger recul), devant Firefox à 9,25 %, suivi de peu par Safari (Apple) à 8,93 %. Depuis mars 2019, Firefox a encore perdu du terrain, cédant près de 0,30 %, là où Safari a gagné plus de 2 %.
Sur le mobile: 0,41 %
Sur les plateformes mobiles, les chiffres sont nettement plus préoccupants. Firefox occupe aujourd’hui 0,41 % de parts de marché. Chrome culmine lui à 61,5 % devant Safari à 24,95 %. Samsung Internet, UC Browser et Opera parviennent même à se classer au-dessus de Firefox.
Traduction: redresser la barre relève, à court et moyen termes, du miracle.