Des nuages sur le cloud ?

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Le nuage, nouvel Eledorado de l’internet

Désormais, il est presque impossible de lancer un nouveau service sur Internet sans y inclure le mot cloud. Sans ce mot magique, il est probable que peu d’investisseurs prêteront oreille à votre demande de financement. Encore aujourd’hui, je découvrais ce nouveau service en ligne Diva-Cloud qui propose de vous mettre à disposition “dans le cloud” une application.

L’approche par l’application est pertinente et met à la portée du quidam l’accès à des logiciels qui jusqu’à présent nécessitaient de sérieuses connaissances en informatique. L’utilisation de logiciels libres et open source dans cette offre montre également à quel point désormais il est facile de répondre à de très nombreux usages grâce à ces derniers. Dommage par contre que ce service ait choisi d’héberger vos données en dehors de notre beau pays, voilà qui peut-être un jour aura des conséquences inattendues.

Combien de temps vivront tous ces services, la question reste ouverte. Car hélas bien des points sont passés à la trappe et ignorés par leurs utilisateurs et tout principalement la question de la réversibilité ou plutôt le moment où je voudrais quitter le service ou encore le moment où il fermera ces portes.

Le cloud c’est mal

Voilà qui amusera sûrement pas mal de mes lecteurs réguliers qui savent que j’en ai fait un de mes sujets de prédilection. Un intérêt qui ne date pas d’hier d’ailleurs et un sujet que j’ai toujours étudié sous l’angle de l’ouverture ou devrais-je dire des conditions devant permettre de disposer d’un cloud respectueux de ses utilisateurs.

Pas plus tard que cette semaine c’est une figure emblématique et barbue de l’informatique qui a pointé du doigt le cloud. Non pas Richard Stallman qui combat le cloud de façon régulière depuis des années, mais Steve Wozniak.

Ce dernier s’inquiète ”que tout aille vers le cloud” et pressent beaucoup de problèmes terrifiants dans les cinq prochaines années”. Je pense qu’il a raison. Le manque de prudence avec lequel les particuliers, mais aussi les entreprises se précipitent vers ces services sans mesurer toutes les conséquences, ni les pièges dans lesquels ils s’enferment promettent des lendemains qui déchantent. L’affaire Megaupload n’en est probablement que l’une des prémices.

Une actualité qui s’acharne

Une prise de position qu’il faut peut-être rapprocher de la dernière erreur en date du service de support d’Apple qui a tout simplement permis le piratage d’un compte du service iCloud d’un utilisateur, qui plus est journaliste. Le hacker a ainsi pu accéder aux comptes Twitter et Gmail du journaliste et en changer les mots de passe. Un bel exemple de “piratage social” qui montre aussi que la faiblesse d’un service peut tenir à son support tout simplement.

Quelques défaillances ont également animées l’actualité du cloud computing de ce début août avec une panne chez Microsoft et son service Azur dû à une erreur de configuration. Icloud est également à l’honneur avec un problème autour de son outil d’identification Apple ID qui toucha près de 50% des utilisateurs des services en ligne d’Apple.

Évidemment, ce ne sont pas les premières pannes et probablement pas les dernières. Cela dit vu la taille des infrastructures en jeu derrière ces services on peut néanmoins relativiser et dire que cela ne marche quand même pas trop mal. Le seul problème c’est que lorsque ces services toussent, ce sont des centaines de millions de personnes qui sont potentiellement impactés et c’est bien là une faiblesse de ces systèmes extrêmement centralisés et donc structurellement plus fragiles qu’un réseau maillé et distribué comme l’est Internet.

On fait quoi alors ?

Maintenant, les faits sont têtus. Le grand public et les entreprises plébiscitent les services de cloud computing et en redemandent. Prés de la moitié des entreprises stockeraient aujourd’hui des données sensibles dans les nuages. Le plus étonnant c’est que lorsque l’on questionne ces mêmes entreprises, 67% des cadres supérieurs ne sauraient pas exactement où sont stockées les données de leur entreprise (cloud ou support externe) et 74% des entreprises avouent ne pas avoir d’outil approprié leur permettant de savoir où leurs fichiers ont été stockés.

Les alternatives existent, mais hélas elles restent bien souvent méconnues. Pour les entreprises, mais aussi les particuliers, la piste des services  respectant les critères du TIO Libre serait une sorte de gage de respect de leurs données et de garantie de sortie dans les meilleures conditions des services. Cependant, la problématique de la sécurité et de la centralisation et des risques de panne restera inchangée.

Les alternatives de type “home computing” pour les particuliers se font toujours attendre et comme bien souvent la communauté du logiciel libre marche d’un pas dispersé au lieu de se rassembler avec des projets de box qui fleurissent, mais dont aucun n’a encore connu de mise en oeuvre concrète et surtout accessible au plus grand nombre.

En attendant, j’ai choisi d’accompagner et de sensibiliser aux risques les gens qui autour de moi décident d’aller vers le cloud computing. Quand aux entreprises, refuser d’utiliser des services en ligne peut aussi revenir à se refuser une chance de rester compétitif face à la concurrence et en ces temps difficiles c’est un luxe qu’elles ne peuvent pas toutes se permettre. Et puis il faut aussi admettre que le stockage de données en ligne reste parfois la meilleure solution d’un point de vu technique et fonctionnel.

Certes, le prix à payer sera peut-être pour plus tard, mais je suis convaincu qu’en mettant en oeuvre quelques bonnes pratiques, l’usage de services de cloud computing peut rester “recommandable” quand on ne peut pas faire autrement. L’important est d’avoir la conscience et la compréhension des risques que l’on prend et de s’en prémunir en attendant que le pendule technologique comme à son habitude ne reparte dans l’autre sens.

– Philippe SCOFFONI

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