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HarmonyOS: comment Huawei compte se passer d’Android (et de Google)

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Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis représentent, pour Huawei, la menace de perdre son accès à Android. Son arme de dissuasion est un système d’exploitation, HongmengOS (HarmonyOS). Il a désormais un visage et de (solides) arguments.

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Ne pas s’y méprendre : le constructeur chinois n’abandonne pas (encore) Android, mais l’entreprise – qui devrait écouler 270 millions de terminaux cette année – dessine les contours de son indépendance logicielle face à la menace de nouvelles sanctions américaines.

Ainsi, Huawei a profité d’un événement dédié aux développeurs, sa conférence HDC 2019 à Dongguan, pour officialiser son propre système d’exploitation mobile. Son nom est HongmengOS en Chine, HarmonyOS pour le reste du monde.

Un OS souverain et plus agile qu’Android

Le système HarmonyOS n’est pas un perdreau de l’année, improvisé sur un coin de la table des négociations et dans la précipitation. Il s’agit vraisemblablement d’un travail de longue haleine, qui a dû mettre des années à être développé. D’ailleurs, il ne sera probablement pas entièrement finalisé avant le début de l’année 2022.

Le chantier est placé sous le signe de l’open source, à l’image d’ASOP, la version libre d’Android. Huawei explique que son rejeton est nettement supérieur aux actuels ténors du secteur, iOS et Android : une application peut ainsi être développée, puis directement adaptée et déployée sur différents écrans.

Quel est l’objectif ? Comme Google avec Fuchsia (le successeur hypothétique d’Android), l’idée est de créer un OS nettement plus flexible et agile, capable de s’adapter à de multiples écrans. HarmonyOS pourra ainsi être décliné sur différentes architectures et sur plusieurs types de terminaux : des smartphones bien entendu, des objets connectés, des ordinateurs et même des téléviseurs.

Un nouvel écosystème d’applications

Basé autour d’un micro-noyau Unix, le système se veut ouvert et choisit la voie de l’open source. Il pourra faire tourner des applications Android et Linux, ainsi que des applications web évoluées. Le compilateur peut gérer Java, C, C++, Kotlin, Java et Javascript. Dans un second temps, le noyau sera remplacé par celui développé en interne par Huawei.

Huawei compterait déjà 800 mille développeurs pour lancer son écosystème, mais on n’attire pas des profils déjà très sollicités sans récompense. Le constructeur chinois va ainsi jouer sur l’arme de la commission. Le PDG de la branche consommateur, Richard Yu, a expliqué que les commissions seront de 10 à 15% maximum.

Un solide argument face aux 30% généralement pratiqués par l’actuel duopole Apple et Google. Il y a fort à parier qu’Apple ne pourra, par exemple, pas s’aligner sans impact notable sur ses résultats d’exploitation, désormais sous l’influence directe des services.

D’abord un téléviseur connecté?

En dehors de l’annonce de la disponibilité effective de son système d’exploitation, le flou règne encore autour des premiers terminaux équipés. Huawei brandit HarmonyOS comme une menace à l’adresse des États-Unis s’il se voit privé d’accès à Android de Google, avec un scénario plus flexible que la seule version open source d’Android.

Le premier produit équipé reste inconnu, mais serait (selon des indiscrétions) un téléviseur connecté de la marque Honor. Les développeurs ont toutefois toutes les cartes en main pour déjà faire évoluer cet OS, qui pourrait vraisemblablement être testé sur le marché domestique chinois avant un déploiement plus important.

Il s’agit également d’une décision destinée à garantir à Huawei (numéro 2 mondial en Europe) une solution pérenne en cas d’éventuel renforcement des sanctions autour de l’accès à Android. Malgré une baisse des tensions sur le front des entreprises technologiques, mais dans un environnement économico-politique devenu fondamentalement plus fragile et incertain.

Cédric Godart



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