Qui n’a pas rêvé de quitter une exposition avec le tableau qui l’avait happé sous le bras ? Au Musée d’Orsay, c’est désormais possible… Grâce à la modélisation et à l’impression 3D. Proposées en éditions (très) limitées, certifiées par le Musée, ces œuvres d’un nouveau genre se frayent un chemin dans le pré carré du marché de l’art.
Demain, tous collectionneurs ?
Avec le confinement, on avait vu fleurir les visites virtuelles d’expositions, à faire depuis son lit ou son canapé. Mais, le réinvestissement de nos espaces domestiques est peut-être sur le point de prendre un tout nouveau virage…
Et si, grâce à la tech, collectionner des toiles de maîtres devenait accessible à tous ? C’est ce que propose LITO. La firme, basée en Autriche mais cofondée par un français, combine plusieurs techniques ultra-sophistiquées.
Au programme : scan du tableau, selon une technologie développée par Adam Lowe et utilisée dans le secteur de la conservation et de la restauration depuis vingt ans. Mais aussi, collecte de datas, afin de modéliser la moindre spécificité de l’original. En attestent : l’épreuve blanche du tableau L’Eglise d’Auvers-sur-Oise dans l’espace médiation de l’exposition, ou les éditions limitées vendues dans le corner à la sortie du Musée. Du mouvement du pinceau à la superposition des couches, jusqu’aux craquelures du vernis… Impossible de distinguer le fac-similé du “vrai”.
La tech pourrait-elle tenir cette promesse à double tranchant ? Diffuser un patrimoine pictural hors les murs, en deçà des hautes sphères… Mais en le rendant sériel ?
Art : vers une transformation des enjeux
Entre fascination et crainte, la sempiternelle « AI anxiety » de l’homme remplacé par la machine rôde.
Début octobre, le CEO de SingularityNET Ben Goertzel déclarait ainsi que l’intelligence artificielle pourrait, à terme, « remplacer 80% des métiers humains ». Mais quand on sait que la majorité des reproductions vendues sont le fruit d’une dynamique d’exploitation Nord-Sud aussi implacable que celle qui sévit dans le secteur de la mode et qui va de paire avec une circulation inextinguible de faux, la tech de LITO se pare d’une aura éthique…
Avec l’arrivée en son sein de ces nouveaux acteurs, le monde de l’art s’apprête à connaître des fluctuations qu’il n’avait pas anticipé. La solution ? Sans doute travailler de concert, à l’instar de ces institutions qui ont saisi le sens du vent, et à qui un pourcentage de chaque vente d’édition limitée est reversé, œuvrant ainsi encore et toujours à la protection d’un patrimoine… incontestablement unique.