C’est un coup de tonnerre qui fait trembler le monde du calcul intensif (HPC). Cette semaine, Nvidia a officialisé le rachat de SchedMD, l’entité commerciale qui développe le célèbre logiciel Slurm. L’entreprise américaine tient toutefois à rassurer : il n’est pas question d’ôter le caractère ouvert et open source du projet.
Si ce nom ne vous dit rien, sachez que Slurm est le véritable « chef d’orchestre » de l’intelligence artificielle mondiale. Il gère la répartition des tâches sur plus de la moitié des 500 supercalculateurs les plus puissants de la planète. En s’offrant ce joyau, Nvidia ne se contente plus de vendre les puces (le muscle), il prend désormais les commandes du logiciel qui décide comment ce muscle est utilisé (le cerveau).
Pas de panique : Slurm reste ouvert (pour l’instant)
Face à l’inquiétude immédiate des chercheurs et des scientifiques, Nvidia a dégainé une promesse forte : Slurm restera un logiciel open source et agnostique (indépendant). L’annonce est cruciale. De nombreux centres de recherche utilisent Slurm sur des parcs informatiques hétérogènes qui ne sont pas exclusivement composés de matériel Nvidia. Nvidia s’est engagé à continuer de distribuer le logiciel librement, assurant que l’infrastructure qui propulse les modèles d’IA les plus avancés restera accessible à tous.
Ce rachat n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans une semaine historique pour la firme de Santa Clara. Quelques heures à peine avant cette annonce, l’entreprise dévoilait ses propres modèles d’IA ouverts. En contrôlant à la fois les modèles (Nemotron 3), les puces (Blackwell) et désormais le système de gestion des tâches (Slurm), Nvidia devient l’épine dorsale incontournable de l’économie de l’IA. L’objectif est clair : optimiser au maximum l’efficacité de ses processeurs en intégrant plus étroitement le logiciel et le matériel.
Pourquoi c’est une victoire pour la tech
Pour Danny Auble, PDG de SchedMD, cette acquisition est la « validation ultime » du rôle critique de Slurm. En rejoignant Nvidia, le projet va bénéficier de moyens de développement colossaux pour répondre aux exigences des futurs agents IA et des simulations scientifiques complexes. Pour les curieux et les développeurs, le cœur du projet reste consultable sur le compte GitHub de SchedMD.

Nvidia semble avoir compris que pour gagner la guerre contre ses rivaux propriétaires, sa meilleure arme est de devenir le garant de l’écosystème open source. Un pari risqué, certes, mais qui rassure, pour le moment, une communauté tech très attentive et qui, l’air de rien, adopte la même position que la Chine sur le sujet de l’ouverture des IA (en tout cas sur leurs bases technologiques).

