Open Source : 50 ans d’histoire et un avenir florissant
En 1999, lors de l’inauguration de la première édition du Salon Solutions Linux (baptisé à cette époque « Linux Expo »), l’open source était encore largement considéré comme un « truc de Geek », ou plutôt de « matheux » puisque le terme Geek apparu dans les années 60 n’allait se généraliser qu’à partir des années 2000[1]. Né dans les années 60 avec l’entrée des premiers ordinateurs dans les Universités, le concept de l’open source fut à l’origine porté par les « Hackers », terme dont la signification n’avait pas à l’époque la « connotation sulfureuse d’aujourd’hui »[2]. Les Hackers avaient formulé une philosophie héritée de la démarche universitaire – reposant sur le partage et la libre diffusion des connaissances – qui préconisait « le libre accès aux ordinateurs et aux programmes, et d’une manière plus large la gratuité de l’information »[3].
50 ans plus tard, le concept a fait son chemin. Il est loin le temps où les universitaires s’amusaient dans leurs laboratoires à développer l’ancêtre des jeux vidéos[4]. Et il est loin le temps de la première scission en 1976 entre éditeurs « propriétaires » et éditeurs « open source »[5]. Les logiciels open source sont aujourd’hui à la base des plus grandes infrastructures informatiques mondiales[6] et bénéficient du support d’un écosystème complet et étendu d’éditeurs, de développeurs communautaires et de sociétés de service spécialisées. Le modèle de développement et de diffusion des logiciels open source est aujourd’hui reconnu et accepté au même titre que les autres modèles (SaaS par exemple).
Entre ces deux dates, plusieurs événements ont contribué à enraciner l’open source au cœur des systèmes d’information. Du côté des utilisateurs, quelques « early adopters » motivés soit par des démarches avant-gardistes, soit par des limitations budgétaires, ont essuyé les plâtres[7]. Du côté des éditeurs, 10 ans avant le rachat spectaculaire de MySQL par Sun (puis par Oracle), Red Hat se lançait en bourse en 1999. La France et son administration ont joué un rôle moteur dans cette adoption (Gendarmerie Nationale à partir de 2006, Assemblée Nationale en 2007) et ont contribué à transformer ce « caprice de geek » en vague de fond, qui allait bientôt inonder toutes les entreprises. Car l’apport des early adopters fut de prouver que les technologies open source pouvaient être utilisées sans risque et s’intégrer en toute transparence à leurs systèmes d’information. Même les éditeurs « traditionnels » qui ont d’abord mené une guerre sans merci à l’open source, ont fini par se positionner sur ce marché (ce qu’illustrent le rachat de Sun/MySQL par Oracle, mais également le lancement du portail et de la fondation « open source » de Microsoft[8]&[9]).
Cette évolution traduit un constat fort : les logiciels open source sont là pour durer, comme les entreprises auxquels ils sont destinés. Et ce sont bien leurs qualités intrinsèques – ouverture, fiabilité, facilité de prise en main et de déploiement – qui ont fait leur succès.
Rendez-vous dans cinquante ans !
Bertrand Diard
– [1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Geek#Origine_du_terme
– [2] Livre Blanc « Introduction à l’open source » de Smile : http://www.smile.fr/Livres-blancs/Culture-du-web/Introduction-a-l-open-source : page 13.
– [3] Ibid. page 14.
– [4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Spacewar
– [5] http://en.wikipedia.org/wiki/Homebrew_Computer_Club
– [6] http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/recherche-innovation/innovation/221147793/open-source-catalyseur-croissance-economi
– [7] Compte-rendu de la première édition de « Linux Expo » : http://www.fabiengelenne.com/linux/linux-expo.html.
– [8] http://www.microsoft.com/france/opensource/.
– [9] http://pro.01net.com/editorial/505935/microsoft-lance-sa-fondation-open-source/