Ouya la console de jeux “ouverte” récolte 8,5 millions de dollars

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Ouya se présente comme un nouveau type de console vidéo. Nouveau car en effet, ses caractéristiques techniques en font une bien piètre console de jeux au regard de concurrentes comme la XBox 360 ou encore une PlaysStation 3. Exit donc les jeux bodybuildés à la 3D auxquels on joue sur un écran full HD.

Pourtant la campagne de collecte organisée sur le site KickStarter est un énorme succès. Initialement, ce sont 950 000 dollars qui étaient visés. C’est plus de huit fois la somme au final.

Comment expliquer un tel succès ?

Peut-être tout d’abord le prix de la future console annoncé à 99 dollars. Qui plus est en donnant cette somme dans le cadre de la collecte vous receviez la fameuse console. Ce qui a très certainement convaincu pas mal de “donneurs” qui pouvaient espérer ainsi en cas de succès de la collecte récupérer leur mise avec le fameux objet.

Comme je le disais les caractéristiques techniques de la console la rapprochent plus de celles d’un “gros” smartphone que de celles d’une console de jeux. Ce qui est cohérent avec le prix. C’est donc le marché des jeux sur ce type de périphérique qui est visé. Le choix d’Android comme système d’exploitation conforte aussi cette ressemblance.

Ouya et sa manette de jeux viennent donc combler un manque sur ce secteur car un smartphone ou même une tablette n’est pas toujours le meilleur support pour jouer.

D’après une récente étude, d’ici à 2015, le marché global du jeu vidéo va continuer à croître, et atteindra 15,7 milliards de dollars de valeur aux Etats-Unis, ainsi que 10,2 milliards d’euros en Europe. Le lent déclin que va continuer à connaître l’industrie du jeu boîte (-15% aux USA et -12% en Europe uniquement sur 2012) sera toutefois contrebalancé à terme par la forte hausse des ventes de jeux à télécharger, notamment sur le marché du jeu mobile.

Ensuite la console est modifiable. Les concepteurs annoncent même que l’ouverture du boiter de la console n’annulera pas la garantie et que chacun sera libre de créer de nouveaux périphériques ou encore de modifier la console. Bref, ami “hacker” (et joueur) de tous pays, on vous aime, est le message marketing sous-tendu. Voilà pour le côté buzz.

Une attention toute particulière a aussi été apportée au design de la console. Un élément que n’aurait certainement pas oublié de prendre en compte le célèbre fabricant à la pomme.

En résumé, prix, ouverture, desgin, choix du marché visé sont les mamelles du succès de la campagne de collecte.

KickStarter, pour les startup américaines

La somme collectée représente environ 135 dollars par donneur en moyenne et peut laisser rêveur. J’avoue que les yeux m’ont quelque peu piqué quand j’ai vu le chiffre atteint et qu’il m’a fallu le relire à plusieurs reprises pour me dire que je ne me trompais pas.

Ce qui est étonnant aussi c’est finalement la capacité que peuvent avoir les gens à donner. Certes, il y a des contreparties proposées à ces dons qui peuvent dans le cas présent s’assimiler à une pré-commande. On ne peut donc pas dire qu’il s’agisse d’un véritable “don”.

Un constat qui n’est hélas valable à ce jour que de l’autre coté de l’Atlantique. Les plateformes de ce type en Europe comme KissKissBank ne connaissent pas le même succès. La faute probablement à la diversité de langage de notre continent. Il faudrait, pour toucher un maximum de personnes et permettre d’aussi importantes levées de fonds, traduire les présentations dans toutes les langues de la communauté européenne ou presque.

Le don version association

Quand on parle de dons, je pense aussi aux associations et surtout celles d’intérêt général qui ouvrent droit à des réductions d’impôt pour les donneurs qu’ils soient des particuliers ou des entreprises. Malheureusement, il existe de nombreuses contraintes qui rendent la mise en place de système de crowfunding associatif difficile (mais pas impossible). L’obligation d’être présent en tant que structure juridique dans chaque pays pour pouvoir ouvrir droit aux réductions d’impôt est un des obstacles.

Pourtant dans ce secteur, il est également possible de récolter d’importantes sommes. Le très médiatique Telethon récolte chaque années plus de 80 millions d’euros.

Mais s’il semble “facile” de vendre du caritatif ou du culturel en France à nos médias et institutionnels, c’est bien autre chose lorsqu’il s’agit de parler de numérique et d’innovation. Les écoutilles se ferment alors et on vous regarde comme un extra-terrestre. Encore une autre grosse différence culturelle avec l’autre coté de l’Atlantique et qui nous vaut probablement la place bien méritée de nains du numérique sur la planète.

En résumé, on pourrait dire que les gens sont prêts à donner pour autant qu’on leur donne une raison d’acheter ce qui semble être une vérité de La Palice. Un modèle que devraient étudier les communautés du Logiciel Libre mais qui nécessite de se rassembler pour mener des opérations de grande échelle ce qui n’est pas leur fort à de trop rares exceptions.

Philippe SCOFFONI

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